Après un très long développement en parallèle du support du premier opus et d’un léger report, Path of Exile 2 se laisse donc enfin approcher dans une version précoce, mais définitivement chargée en contenus, dès aujourd’hui sur PC, PS5 et Xbox Series (avec cross-play, cross-progression et coopération en écran scindé au programme). Si sa version finale a priori attendue courant 2025 sera bien free-to-play, rappelons que son early access ne l’est pas.

Les nouveaux venus ou les transfuges de Diablo 4 devront en effet faire l’acquisition d’un des trois « Packs Supporter » proposés (respectivement à 27,75 ; 55,45 et 92,40 euros), comprenant chacun leur lot de goodies supplémentaires. Les joueurs vétérans pourront quant à eux y accéder gratuitement, à condition d’avoir déboursé plus de 480 euros sur le premier volet. Investir dans l’early access de ce jeu est donc un engagement qui peut en rebuter plus d’un. Pour essayer de vous aider à savoir si cette version non finalisée de Path of Exile 2 peut mériter votre attention, voici donc notre avis sur celle-ci, après plusieurs dizaines d’heures sur PC, mais non sans embûches. 

Path of Exile 2 : le nouveau digne héritier du légendaire Diablo 2 ?

13 ans après Diablo 2, un jeu qui révolutionnait l’action-RPG en vue isométrique et popularisait le sous-genre du hack’n slash, fort justement appelé par beaucoup « Diablo-Like », Path of Exile premier du nom avait fait forte impression. Là où Diablo 3 prenait une direction très différente de son illustre aîné, avec une ambiance nettement moins sordide et surtout un gameplay beaucoup plus accessible et spectaculaire pour plaire à un plus grand public (choix de game design que l’on retrouve dans les grandes lignes dans Diablo 4), le titre de Grinding Gear Games se voulait une lettre d’amour au jeu légendaire de Blizzard sous sa plus pure forme. Ce grâce à une direction artistique tout aussi glauque, une progression plus lente, et des possibilités pour « builder » son personnage à en donner le tournis (peut-être même trop). Et tout cela dans un format free-to-play avec un modèle économique assez respectueux des joueurs. La formule fut un carton et n’a fait que s’améliorer au fil de maintes saisons et 11 années de bons et loyaux services. 

Toutes les bonnes choses ont toutefois une fin : Path of Exile 2 a été annoncé en 2019, ce qui a suscité énormément d’excitation auprès des fans à la recherche d’un jeu plus moderne. Cinq ans plus tard, il sort enfin, dans un early access qui n’a clairement pas à rougir d’un titre équivalent complet. On parle en effet de 3 actes (sur 6) de l’histoire principale, 6 classes, 400 ennemis et 50 boss. Grinding Gear Games prévoit de doubler la mise à presque tous ces niveaux dans la version finale du jeu, a priori attendue dans six mois. Celles et ceux qui l’attendaient de pied ferme auront donc définitivement de quoi s’occuper. Comme tout hack’n slash qui se respecte, se lancer sur Path of Exile 2 demande l’un des choix les plus cruciaux du jeu dès le départ : celui de sa classe. Pour l’heure, nous avons à notre disposition Guerrier, Magicienne, Mercenaire, Moine, Ranger et Sorcière. Nous avons en premier lieu jeté notre dévolu sur la Magicienne, puis essayé les classes Moine, Ranger et Sorcière.

Path of Exile 2 Choix Perso
Un premier choix crucial : celui de sa classe de départ, qui pose directement l'ambiance. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Exactement comme dans le premier jeu, notre périple commence dans Path of Exile 2 sur une plage lugubre, avec pour seuls équipements une simple tunique et une arme de base. Déjà là, on remarque quelques appréciables changements. Sur PC, on peut en effet choisir des déplacements classiques à la souris, ou avec les touches ZQSD. Ensuite, notre personnage se déplace et lance ses attaques de manière plus fluide qu’auparavant. Il peut par exemple attaquer tout en marchant, au lieu de faire du sur-place. On peut également saluer la possibilité d’effectuer une roulade à tout instant, contribuant très agréablement à la nervosité de l’ensemble. En récupérant notre toute première compétence sous forme des gemmes emblématiques de Path of Exile, on remarque enfin un autre changement radical par rapport à son aîné. Plus question en effet ici d’enchasser celles-ci dans notre équipement, mais dans un menu à part. On retrouve ainsi la formule des gemmes propre à la licence, mais qui se montre nettement plus intuitive. Il s’agit selon nous d’une nouveauté fort bienvenue, rendant la gestion de nos sorts beaucoup plus simple, et offrant plus de liberté quant aux protections et aux armes que pourra porter notre personnage. Pour rappel, il fallait dans le premier opus s’arranger pour sur son équipement des chasses liées entre elles pour y placer lesdites gemmes et créer des combinaisons pour rendre nos compétences plus puissantes. 

Path of Exile 2 Gemmes
À gauche, le nouveau menu dédié aux fameuses gemmes. © Grinding Gear Games

De même, le système de potions de Path of Exile 2 gagne grandement en simplicité. Sur le premier jeu, nous pouvions en porter une multitude, avec des effets uniques, l’une nous soignant, l’autre nous donnant du mana, ou encore une nous rendant invulnérable à un type de dégâts ou d’effet donné pendant un court instant. Dans les plus hautes instances de difficulté, une bonne gestion des potions et la rotation de leur temps de chargement était quasiment aussi cruciale qu’avoir un build puissant. Sur Path of Exile 2, nous n’avons qu’une potion de soin et une de mana. Les effets supplémentaires sont quant à eux gérés de manière passive par des talismans à intégrer à notre ceinture. Une fois encore, Grinding Gear Games fait donc un effort salutaire pour rendre son titre plus accessible, sans en extraire ce qui en fait tout le sel. 

C’est d’autant plus remarquable quand on monte de niveau et qu’il nous faut attribuer des points de talents passifs. On retrouve alors le fameux sphérier titanesque du premier opus, avec ses myriades d’embranchements qui donnent le tournis. Celui de Path of Exile 2 gagne cela dit, en tout cas selon notre ressenti, en ergonomie et en lisibilité. On arrive en effet mieux à savoir dans quelle direction on veut développer notre classe, avec des nœuds majeurs bien visibles au bout de certaines voies. De manière schématique, ces passifs servent maintenant à renforcer soit notre efficacité à infliger divers dégâts (physiques ou élémentaires), soit nos capacités de défense. Sans perdre trop en complexité, le theorycrafting (le fait de prévoir l’évolution de son personnage de par ses compétences, son équipement et ses passifs) se montre donc toujours aussi libre et généreux, mais tout de même moins intimidant pour les néophytes. 

Path of Exile Arbre Passifs
L'arbre de talents passifs n'est finalement pas si terrifiant qu'il en a l'air. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Ce qui ne change en revanche pas beaucoup sur Path of Exile 2 par rapport à son aîné (et ce n'est pas nécessairement un mal), ce sont le système de loot et la progression dans l'histoire principale. Dans le premier cas, on retrouve toujours divers équipements de différentes raretés (normal, magique, rare, unique ou de set) pour les armes de corps-à-corps, à distance ou pour les jeteurs de sort comme pour les pièces d’armure (tête, torse, jambes, gants, ceinture) et bijoux visant à nous apporter différents bonus pour renforcer notre build, nos statistiques défensives et défensives. À noter toutefois qu’il faudra disposer de suffisamment de points en Force, Dexterité ou Intelligence pour porter des pièces d’armures données, qui correspondront donc de manière assez schématique à notre classe : tissu pour l’Intelligence, cuir pour la Dexterité et mailles/plates pour la Force. Il sera par ailleurs possible d’améliorer tout cela en ville, grâce à différentes orbes servant un système de craft particulièrement complexe et poussé. 

Path of Exile 2 Itemisation
L'itemisation et le craft pour augmenter toujours plus la puissance de son personnage sont toujours aussi efficaces et prenants. © Grinding Gear Games

S’agissant enfin de la progression, il sera toujours question d’évoluer dans diverses zones fermée et prédéfinies, mais générées procéduralement. On y trouvera des hordes d’ennemis, des donjons secondaires ou encore des boss, que nous pourront chasser pour espérer récupérer du loot plus rare, et ainsi gagner en puissance pour mieux progresser plus aisément et naturellement dans les niveaux suivants de chaque Acte, avec à la clé un très puissant boss final.

Après le theorycrafting, la pratique

Qu’il s’agisse des contrôles, du theorycrafting ou de l’interface, Path of Exile 2 ne devrait donc pas dépayser outre mesure les adeptes du premier jeu ou les amoureux inconsolables de Diablo 2, tout en faisant un assez convaincant appel du pied aux déçus de Diablo 4. Mais ce désir de rendre le jeu plus accessible et intuitif se retrouve-t-il dans son gameplay ? La réponse à cette question se montre beaucoup plus nuancée. En partant avec une Magicienne spécialisée dans les sorts de froid, nous avons au départ pris un plaisir certain à combiner différentes gemmes pour créer des combos aussi originaux pour le genre hack’n slash que satisfaisants, transformant des hordes d’ennemis en glaçons réduits en mille morceaux avec globalement une grande aisance, même contre des ennemis d’élite. Les sensations de jeu sont globalement très bonnes, et l’utilisation des compétences se veut toujours aussi fluide, en tout cas au clavier/souris. Puisque le jeu est également disponible sur consoles, les contrôles à la manette sont également de solide facture. On préfère toutefois le schéma traditionnel du genre hack’n slash, en bon PCiste que nous sommes. 

En revanche, une fois arrivée contre un boss, notre Magicienne de glace a assez rapidement déchanté. Ceux-ci ont le mérite d’être tous uniques et d’offrir des combats aussi épiques que radicalement différents, nous demandant une attention constante et une bonne connaissance de leurs nombreux patterns. Avec l’ajout d’une roulade, on ne peut s’empêcher de constater que les Souls-Like et notamment un certain Elden Ring sont passés par là. Plusieurs attaques de boss peuvent en effet, si notre total de points de vie ou notre défense sont un peu faibles, littéralement nous one-shot. À moins de lancer une roulade exactement au bon moment pour disposer d’une fenêtre d’invulnérabilité. Sauf que, avec le build de notre Magicienne, les combats contre eux tiraient beaucoup trop en longueur, la faute à des dégâts un brin faibles en raison d’une résistance bien supérieure par rapport aux ennemis basiques. Ceux-ci pouvaient alors durer plusieurs minutes et prenaient davantage la forme d’un combat d’endurance. Il suffisait cependant d’une seule erreur fatale ou d’un relâchement de notre part pour passer de vie à trépas, avec comme sentence l’obligation de devoir reprendre l’affrontement depuis le début.

Path of Exile 2 Combats
Les combats sont aussi plaisants que spectaculaires, mais les boss vont vous donner du fil à retordre. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Malheureusement, refaire tout le build d’un personnage n’est pas une mince affaire. Il faut en effet réattribuer tous nos points de talents passifs (moyennant de conséquentes sommes d’argent que nous n’avons pas durant la phase de levelling), réadapter tout notre équipement, et surtout nos combinaisons de gemmes de compétences. Sauf qu’il faut au préalable avoir looté des objets permettant de débloquer des sorts issus d’une spécialisation différente, que nous n’avions pas du fait de notre orientation très spécifique. Ainsi, une erreur, comme l’évolution mal optimisée de son personnage, dans Path of Exile 2 se paye toujours cher, malgré les nombreuses et salutaires améliorations apportées par Grinding Gear Games pour rendre le tout plus digeste. Nous avouant vaincus, nous sommes donc repartis notamment sur une Ranger spécialisée Poison, un build qui s’est montré nettement plus puissant et plaisant à jouer. 

Nous avons alors pu découvrir une autre mécanique permettant de rendre chaque classe encore plus unique : l’Ascension, qui nous permet grossièrement d’accéder à deux nouvelles sous-classes pouvant radicalement changer le gameplay de notre personnage. Pour notre Ranger, nous avons renforcé la puissance de ses poisons, pour des résultats assez monstrueux. S’agissant par exemple de la Sorcière (l’équivalent de l’iconique classe Nécromancien dans d’autres hack’n slash), il est possible de la transformer en démone, qui ne compte alors plus sur des serviteurs mais lance à la place de ravageurs sorts de feu. Cette Ascension s’est faite dans notre aventure au travers d’un mode de jeu disponible dans l’Acte 2, prenant à s’y méprendre la forme d’un donjon rogue-lite. À savoir une progression dans différentes salles, avec plusieurs embranchements possibles proposant chacun des bonus ou malus qui nous suivront jusqu’à la dernière pièce renfermant un boss final. Ce accompagné d’une mécanique unique à ce mode : une barre de « Résolution », qui diminue à chaque fois qu’on prend des dégâts. Arriver à zéro signifie la fin de l’épreuve, et le retour à la case départ. Une fois encore, Path of Exile 2 teste donc ici de manière intelligente (mais aussi assez stressante) la maîtrise de notre classe. La récompense vaut toutefois largement le détour. Nous recevons en effet deux points d’Ascension (nous pourrons en gagner d’autres par le biais d’autres épreuves au fil de l’histoire principale), à attribuer dans deux arbres séparés. En ajoutant tous ces éléments bout à bout, Path of Exile 2 se montre donc extrêmement prometteur s’agissant du contenu proposé et des possibilités de personnalisation de votre personnage, mais les néophytes risquent d’être un peu déboussolés au départ.

Path of Exile 2 Ascension
Un exemple d'Ascension pour la Sorcière qui change totalement son gameplay. © Grinding Gear Games

L’art et la manière d’un Diablo-Like

Pour terminer le bilan de nos premières impressions sur l’early access de Path of Exile 2, intéressons-nous aux aspects graphique et technique du nouveau jeu de Grinding Gear Games. Puisque 11 ans le sépare du premier opus, il se montre également et logiquement bien plus moderne sur ce point. Nous avons en effet droit à des textures plus fines et de jolis effets de lumière et volumétriques. Pour les classes comme la Magicienne, le spectacle est clairement au rendez-vous. Du côté de la direction artistique, le titre se veut encore une fois un digne héritier de Diablo 2 (jusque dans le design de son interface et sa mini-map, de flagrants hommages qui nous ont empli d’une douce nostalgie). L’univers est résolument glauque et sombre. Il ne nous donne clairement pas envie d’y passer des vacances, avec profusion de décors sordides, recouverts de crânes, de sang et autres joyeusetés du genre. L’ensemble tourne à merveille avec tous les paramètres à fond en 1440p, en tout cas sur notre PC équipé d’une RTX 4080 SUPER, d’un Ryzen 7 7800X3D et de 32 Go de RAM. Le titre ne devrait cependant pas se montrer trop gourmand et donc bien se tenir même sur des configurations plus modestes. 

Path of Exile 2 Mini-Map
L'interface et la mini-map vont clairement rappeler des souvenirs aux fans de Diablo 2 et du premier Path of Exile. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Dans cette version early access, Path of Exile 2 s’est également montré plutôt stable, avec assez peu de bugs à déplorer… sauf un qui a littéralement ruiné deux de nos personnages. Sur notre chère Ranger Poison, nous avons par deux fois rencontré un problème nous empêchant totalement de continuer l’aventure. Après la complétion d’une quête et probablement un bug de script, nous téléporter en ville nous emmenait à la place systématiquement sur l’écran de connexion. Du fait de sa structure en zones fermées, et contrairement au monde ouvert de Diablo 4, il est toutefois impossible de se rendre en ville d’une autre manière. C’est toutefois dans ce hub que nous pouvons acheter/vendre de l’équipement, modifier nos pièces d’armure et nos armes, mais surtout progresser dans la quête principale. Notre personnage le plus avancé qu’est notre seconde Ranger n’a donc pu arriver qu’au niveau 29 (sur 100…), et nous n’avons même pas pu terminer l’Acte 2. 

Path of Exile 2 Bug
Un petit exemple de bug, heureusement moins grave que celui qui a totalement bloqué deux de nos personnages... © Geralt de Reeves pour Gameblog

Nous sommes donc littéralement dans l’impossibilité de vous donner même un premier ressenti sur l’histoire de Path of Exile 2 ou sur la qualité des trois Actes actuellement disponibles sur l’early access. De fait, nous n’avons également pas pu tester le mode endgame du jeu, baptisé Atlas, sur le papier extrêmement prometteur, mais que nous n’avons pas pu voir de nos propres yeux. D’autant qu’arriver là demande, en l’état, de finir les trois Actes, puis de les refaire dans une difficulté radicalement supérieure, le tout prenant environ une cinquantaine d’heures de jeu. Pour être honnête, la perspective de devoir recommencer exactement le même cheminement avec une autre classe, malgré l’excitation de voir jusqu’où les possibilités de les développer peut nous emmener, le tout en priant pour ne plus avoir le même bug que sur notre Ranger, s’est quelque peu montré décourageant. Espérons donc que Grinding Gear Games apportera des ajustements et correctifs dans l’early access de Path of Exile 2, et surtout dans sa version finale.

Nous ne pouvons enfin pas vous fournir un avis sur le modèle économique du jeu, la boutique n’étant pas disponible. Dans le premier opus, les microtransactions s’intéressaient principalement à des éléments cosmétiques, mais aussi à des fonctionnalités comme des emplacement de coffres supplémentaires. Dans notre version de Path of Exile 2, nous avions à notre disposition une dizaine d’onglets dans notre réserve. Il faudra donc attendre de voir ce que Grinding Gear Games a préparé sur ce pan de son jeu free-to-play.

On attend Path of Exile 2… avec autant d’excitation que d’appréhension

Sur bien des aspects, Path of Exile 2 représente tout ce qu’on attendait de lui : une digne suite de l’excellent premier opus, mais en plus moderne et intuitif. Tant visuellement qu’au niveau des fonctionnalités, de la personnalisation et du développement de son personnage jusqu'au gameplay, Grinding Gear Games semble avoir su intelligemment réinventer la formule à laquelle il doit son succès, sans non plus la dénaturer. Ce malgré une complexité manifeste qui peut intimider les néophytes, et une aventure, même pour arriver jusqu’au endgame avec une seule classe, qui s’annonce particulièrement chronophage. Espérons également que vous ne serez pas confrontés au même bug que nous, bloquant absolument toute possibilité de progression. Autrement, tout cela risque, de manière assez compréhensible, de grandement vous décourager et vous dégoûter d’un hack’n slash qui a en dehors de cela tout pour être le nouveau roi de son propre genre, à condition d’arrondir encore les angles de sa couronne globalement très prometteuse.